Le passe plaisir

Le merveilleux diadème appartenait à la famille de Lambert depuis bien longtemps. De nombreuses générations.
Aucune femme ne l'avait jamais porté : ni sa mère, ni sa grand-mère, ni aucune de leurs aïeules. Peut-être était-il trop lourd, du poids de son mystère et de sa beauté. Sa facture était insolite : un rubis taillé en forme d'aigle, les ailes ouvertes et frangées de diamant, sur une simple couronne d'or.
Ceux qui l'avaient créé étaient gens ingénieux : un bijou si extraordinaire avait toutes les chances de traverser le fil des siècles sans s'égarer sous une pile d'immondices, ou se perdre dans un lieu oublié. Comble de prudence, il flottait. Lambert en avait fait l'expérience un jour, dans une baignoire.
Le bijou dormit pendant de longues années, presque oublié de son propriétaire, jusqu'au jour où il révéla sa vraie nature, et sa mission. Un soir, il y eut un grand bruit dans le salon. Lambert se précipita pour découvrir un homme dans un incroyable scaphandre, entouré de colis, et brandissant quelque chose qui semblait bien être une arme.
C'était encore le visiteur le plus étonné. Lambert dut répéter plusieurs fois le geste de s'arracher la tête et d'aspirer l'air avec satisfaction, pour le décider à enlever son casque.
- La violence a disparu de notre planète, fit-il tout de suite d'un ton rassurant. Vous n'avez rien à craindre.
L'autre le regarda avec méfiance.
- En quelle année sommes-nous ?