Mineströme

Patricia examine la simulation, appuyée sur la table de projection, en équilibre sur le bout de ses doigts – on dirait un petit félin prêt à bondir.
« Modification orbitale inférieure à 0,02 % », annonce-t-elle. « Avec un module léger, nous pourrons nous poser sans déstabiliser son orbite ! De justesse, mais ça ira. Nous ferons une expédition avec le mini-module à deux places, et le minimum de matériel.
- C’est quand même fou ! » Je sais, je l’ai déjà dit. Mais c’est la première fois que nous découvrons un astéroïde artificiel, et sur une planète aussi primitive que celle-ci… Les autres ont l’air de prendre ça tranquillement. Moi je suis stupéfait. Nous n’avons aucune idée de la technologie qu’ils ont bien pu employer pour le construire. A première vue, les autochtones n’ont aucune idée de ce qu’EST la technologie. C’est tout juste s’ils ont un langage, dont nous avons déjà déchiffré une partie - et des charrues. L’astéroïde est visible à l’œil nu depuis la planète, quand le ciel n’est pas imprégné de la brume rose qui l’obscurcit souvent. Mais quand on interroge les Praxiens à son sujet, ils marmonnent des trucs à propos d’endroit sacré. Ou tabou. Si ça fait une différence.
George Zeb est devant le projeteur spectrométrique. Il nous affiche à l’écran un gros machin bigarré, dont il a l’air fort satisfait.
« Ca a la texture d’une grosse grenade. L’intérieur est plein de poches qui contiennent un truc genre gazéiforme, et dans chacune on dirait qu’il y a comme une toute petite graine. Les poches sont prises dans une substance semi-métallique, semi-minérale. Je repère aussi des traces organiques à l’intérieur. Mais la surface devrait être assez solide pour que l’on puisse se poser.